Promenade aléatoire dans les oreilles du marcheur

Le passé revient : quand ce que nous avons oublié revient à la surface

Dans l’autobus en direction de Montréal

Zu – Chthonian (Carboniferous)

Un délire complet, lourd pesant que nous offre cette formation atypique. Un peu de King Crimson, de Sleepytime Gorilla Museum, de John Zorn. Un peu de tout avec emphase.

Tides Of Man – Descent (Empire Theory)

Une autre formation pleine d’entrain qu’on peut associer a du emo. Très bon album. Malheureusement, le chanteur et la formation se sont séparés, ce qui enlève maintenant toute la force qui a donné naissance au groupe. L’album solo instrumental pondu après le départ du chanteur, Tilian Pearson, est très bien mais, à l’image des gens qui subissent une amputation, nous devons constater à regret que nous sentons toujours le membre qui n’y est plus.

Yes – Arriving Ufo (Tormato)

C’est pour moi l’album qui met fin à la dernière phase du courant progressif des années 70. À cheval sur deux époques, l’album propose encore une musique bien recherchée et sa tentative d’aller chercher la nouvelle tendance dans la musique s’amorce bien… mais ne perdurera pas. Il s’agit d’un dernier soubresaut. Au grand dam de Rick Wakeman, les délirantes envolées de clavier dont il a le secret ne passeront pas dans la décennie suivante : ce qui a le plus mal vieilli dans la musique progressive, selon moi, ce sont les interminables accompagnements de synthétiseur. J’étais d’avis qu’il était temps de modérer leurs transports. La fin d’une époque.

Chris Squier – Safe (canon song) – (Fish out of water)

Comme les coïncidences font bien les choses, et puisque je viens de tomber sur une chanson de Yes, je tombe sur Chris Squier. Faut-il rappeler que Chris Squier, bassiste de la formation, est mort en 2016. Fish out of water est selon moi un album sous-estimé. Squier a donné franchement un album étonnant, différent de ce que Yes a pu produire et bienvenu. Je n’ai pas de haine contre Rick Wakeman, il demeure l’un des grands musiciens du courant progressif et l’un des plus grands claviéristes, mais je dois avouer que le choix que fait Chris Squier de privilégier des arrangements classiques au lieu des excès aux claviers de Monsieur Wakeman est très bienvenu et donne beaucoup de richesse à l’ensemble. Peut-être que Squier en avait assez de l’omniprésence de Wakeman et qu’il s’est permis un repos salutaire dans cet album.

Philarmonie – Autumn Rain (The Last Word)

Ce trio de guitaristes, dont l’un, Frédéric l’épée, si je ne m’abuse, a participé à des cliniques guitaristiques de Robert Fripp, a dû déposer son bilan avec ce dernier album en 1999 – ne rencontrant pas leur public. Dommage parce que cet album est parsemé de chansons très bien bâti.

Bent Knee – Black Tar Water (Say so)

Un ensemble que m’a fait découvrir Félix Vézina. Un groupe que j’ai eu le plaisir de voir au FIMAV (Festival international de musique actuelle de Victoriaville) en mai dernier (19 mai 2017). Une belle formation qui offre un rock progressif solide aux accents jazz fondus dans des textures expérimentale et au pinacle, l’incontournable voix de la chanteuse Courtney Swain. Encore un étrange mélange que l’étiquette cuneiform record sait révéler. Sûrement un peu inspiré des groupes évoluant dans ce qu’on a appelé le Rock in opposition. Un savant mélange de Thinking plague, de sleepytime Gorilla museum et de voix Jazz.

Anoice – Kyoto (Remmings)

Encore l’un de ces groupes asiatiques étonnants, tel que Mono, dont je suis un inconditionnel.  Anoice, c’est un contraste entre plusieurs univers dont la force est de nous faire ressentir des émotions assez particulières. L’album est truffé des perles et j’ose espérer qu’il y a beaucoup de réflexion dans le travail qu’ils font à peindre les fonds sonores. Ça ne démord pas d’un album à l’autre.

Ludovico Einaudi – Nightbook (Nightbook)

La musique de Einaudi s’ajoute à celle de Anoice : des paysages sonores et des moments riches en évocation. L’album Nightbook est riche en entier. Un autre album qu’on ne remet jamais en question et qu’on écoutera encore dans bien longtemps. Rien à jeter, toujours inspirant.

King Crimson – Fracture (Starless And Bible Black)

Le groupe de mon adolescence. L’autre jour, lors d’une discussion, mon interlocuteur m’a dit que la musique est un bien éphémère. Je ne suis pas sûr de comprendre. Est-ce dire que la musique est un produit comme un autre et que, dès qu’elle a été consommée, elle doit être remisée pour qu’on passe aux prochains achats ? Je n’ai personnellement pas ce rapport avec la musique. Cet album de King Crimson en est un exemple. J’ai connu cet album près de 15 ans après sa sortie et il me fait toujours plaisir de le réentendre 43 ans après celle-ci (l’album est sorti en 1974). Quant à la chanson en tant que telle, elle ne meurt jamais. Malgré des accalmies suivant des moments de défoulement, elle sait revenir plus forte encore chaque fois pour s’inscrire à sa manière dans chacune des décennies pour y trouver sa pertinence. King Crimson demeure une influence pour des auditeurs de tous âges. Sa musique trouve toujours de nouveaux adeptes. Robert Fripp, le guitariste, âgé de 70 années bien frappées, tourne encore avec ses musiciens de par le monde. Certains vieillissent bien. Ode à l’âge vénérable ! Mes respects à monsieur Adrian Belew (Zappa, Nine Inch Nail, Bowie, Talking head…), guitariste émérite et parolier sous-estimé, qui de son côté suit un autre chemin.