L'élastique éditorial

Qu’est-ce qu’une ligne éditoriale ? Soyons francs : on ne respecte jamais tout à fait une ligne éditoriale. On agit sur ses pourtours, dans ses flous, mais ce n’est jamais objectif à 100%. C’est une chose passablement élastique, d’où le titre choisi pour désigné la nôtre.

Aux Éditions des Souterrains, nous encourageons avant tout les idées, les voix dissidentes, le non-conformisme, l’exploratoire et la prise de parole au détriment des genres que nous voulons décloisonner aux besoins de l’esprit qui les tient. Ici, nous cherchons du « confuse a cat » pour reprendre la formule consacrée par les Monty Python, du corrosif pour décaper la surface plane du quotidien, de la lubie, de la bouffe de rue en version livre. On veut du vivant où on achète la mort, du pensant où on néglige la parole au profit du divertissement, du débordant où les lignes sont trop droites et cloisonnées; on veut permettre aux voies souterraines de déboucher sur la lumière. Nous cherchons des êtres polyvalents et des personnalités. Sans cela, nous sommes d’avis que les livres s’ennuient en tranches dans les librairies.

Nous ne voulons pas laisser mourir des idées, pas plus que des volontés. Nous voulons être là quand ces pièces usinées faites du fruit de votre travail nous permettront de changer l’engrenage ou de le réinventer. Nous serons ces esprits jeunes qui foutrons des baffes aux points de forme qui soutiennent la médiocrité et érigent en savoirs la pauvreté des idées. Nous nous doterons d’une façon d’exister pour prendre le pouls du monde, vérifier sa vitalité et sa viabilité, réanimer ses heures mortes et ses espaces communs.

« La possibilité est donnée aux individus de s’engager ensemble sans être liés par des relations contractuelles ou hiérarchiques, pour concevoir des services visant le bien commun et l’amélioration des modes de vie durables », comme l’écrivait Antoine Burret dans Tiers-lieux et plus si affinités. Nous croyons que nous avons tout ce qu’il nous faut comme savoir et expertise pour construire de nouvelles balises pour répondre aux enjeux à venir. Ne reste plus qu’à nous réunir. Le marketing nous a vendu l’image du monde dans lequel nous évoluons. Comme il ne répond pas à toutes nos attentes, il est peut-être temps de fonder nos propres marques. Pas besoin de copier sur le voisin pour valider notre version du monde : il faut être fiers et indépendants. Il faut créer des cellules de réflexion, de réaction et de mise en oeuvre pour agir par capillarité sur les silos étanches dans lesquels nous avons enfermé notre manière d’appréhender le réel.

 

“Notre but est d’être éthiques et équitables dans notre désir de ne pas répandre l’encre pour rien, c’est-à-dire avant d’avoir épuisé toute la matière grise et la salive.”