Dans les souterrains
Dans les sous-sols
C’est là que se terrent nombre de nos richesses

On y a entendu les cris de l’âme
On y a perçu les premières flammes
Les matières premières, les forces brutes
dont on a fait nos structures et nos armures
Il y est toujours enfoui une étincelle
qui ne demande qu’un endroit pour devenir réelle
qui ne demande qu’à trouver de l’air pour prendre feu, briller, brûler, éclairer
Alimenter la forge d’un langage propre
Qui prend les armes de la parole
Monter les échafauds autour de l’informe
Couler de nouveau ce qui a pris forme
Donner de l’aisance à l’humaine présence
Nourrir le feu qui la structure
Forer dans ses forces plutôt que dans sa misère
Trouver l’habit des mots pour s’en parer
S’emparer des phrases et de l’histoire
Le langage dont nous usons construit

le monde que nous avons

Erectus a dompté le feu
Les richesses cachées
non celles qui ont été employées
pout domestiquer l’homme
doivent être partagées

Rendons la liberté aux mots qu’on a pliés dans nos bouches
Sortons ce que nous avons dans nos réservoirs
Prenons parole
La cime ne doit plus ignorer les racines
qui font respirer la terre
qui lui donnent son souffle

Des souterrains
Prenons parole
Le langage dont nous userons construira

le monde que nous aurons