Ground Control to David and Leonard

Pour me réveiller plus rapidement le matin, je sélectionne une radio commerciale (Rythme fm, Énergie et autres) et son flot d’inepties (pub, commentaires légers, musique neutre) pour m’obliger à peser un peu plus rapidement sur le bouton et ainsi vaquer plus rapidement à mon quotidien. Ce matin, cependant, j’ai pu agréablement m’ouvrir un premier oeil et surtout les deux oreilles au son de Space Oddity de David Bowie. En temps normal, on a plutôt la moins grande chance, selon moi, d’entendre moult fois un succès playlisté avec insistance – et intérêt – pour créer la tendance.
Bien que le passage de la chanson de Bowie m’ait rendu plutôt enthousiaste pour la journée qui commençait, je savais bien qu’on ne pousserait pas l’audace au-delà du « sur-taggué » Space Oddity en pigeant ailleurs dans son répertoire.
C’est cela qui me dérange un peu. La plupart du temps, on s’approprie Bowie comme on s’approprie Che Guevara commercialement en s’achetant un t-shirt, sans croire en aucune révolution si petite soit-elle et en approfondissant si peu. C’est ce qui m’amène à penser que pour certains, Bowie est mort à la fin des années 70 avec quelques résurrections ça et là et non pas l’an passé. Enfin, ceux qui aiment vraiment cet artiste à travers qui d’autres artistes ont fait entendre leur discipline, à travers qui l’expérimentation de tout acabit était possible, je vous invite vivement à parcourir l’oeuvre. En mon sens, ce qu’il a fait avec Outside dans les années 90, Heathen en 2000 et Blackstar avant de mourir est tout aussi important que ce qui l’a vu naître artistiquement.
Merci à Bowie et au même titre à Léonard Cohen, cette année, d’être partis sans se trahir, en ne portant pas le fardeau de copier et recopier le succès de leurs débuts, de s’être réinventés, d’avoir délaissé des thèmes pour en embrasser de nouveau. Je les remercie aussi de nous avoir quittés avec ces oeuvres testamentaire à la hauteur du reste sans s’obliger à invoquer le ciel pour être sauvés et en restant eux-mêmes jusqu’à la fin – en regardant la mort en face et la réalité sans se mentir. « When I turned my back on the devil/Turned my back on the angel too » (tiré de On the Level – Leonard Cohen).

Un an après, un nouveau vidéo. Toujours intéressant.